Exemples d'ouvertures aux Echecs

Nous conseillons au joueur débutant qui désire faire quelques progrès d'étudier les ouvertures en s'aidant d'un échiquier dont il aura préalablement numéroté les cases. La méthode la plus rationnelle consiste à jouer chaque coup comme on pense qu'il devrait être joué, et à examiner ensuite le coup tel que la théorie le prévoit, en essayant de comprendre les avantages et les inconvénients comparés du coup joué et du coup théorique. Rappelons, d'une manière générale, que le but des débuts de partie est multiple, puisqu'il s'agit :

1 - D'occuper ou de contrôler le centre.

2 - De développer le plus grand nombre de pièces avec lesquelles on attaquera, au cours du milieu de partie, le camp adverse.

3 - De mettre le Roi à l'abri des attaques adverses en roquant.

4 - De préparer, tant par la disposition des pions que par l'emplacement des pièces, les attaques que l'on développera par la suite.

En général, les Blancs sont légèrement avantagés, du fait qu'ils ont le choix du type d'ouverture (selon qu'ils avancent le Pion du Roi, ou le Pion de la Dame, etc.), et surtout de ce qu'ils ont l'initiative du combat. Les Noirs doivent s'efforcer de compenser ce léger désavantage, et de chercher à obtenir, après le dixième ou le douzième coup, une situation équilibrée. Dans ce qui suit, nous utiliserons la notation classique des coups. Rappelons notamment que le signe « + » signifie « échec au Roi », que le signe « X par » signifie « la prise », que le point d'exclamation (!) indique « bien joué », tandis que le point d'interrogation ( ?) signifie « mal joué ».

Partie italienne

C'est une ouverture classique, qui développe rapidement les deux Cavaliers et les deux Fous du côté des Blancs, et qui menace la case noire f7, qui est le point vulnérable du jeu des Noirs.

1 - e2 — e4, e7 — e5.

L'avance du Pion du Roi dégage le Fou du Roi, qui pourra être rapidement mené vers le centre, et permet en même temps d'occuper l'une des cases du centre.

2 - Cg1 — f3, Cb8 — c6.

Le Cavalier blanc sort et attaque le Pion noir en e5. La sortie du Cavalier noir est la meilleure façon de défendre le Pion e5. Une autre défense intéressante (défense Pétroff) serait : 2. ..., Cg8 — f6 (voir le détail de la défense Pétroff dans l'un des ouvrages cités dans la Bibliographie).

3 - Ff1 — c4; Ff8 — c5.

Le Fou blanc menace maintenant le Pion f7, Pion particulièrement vulnérable, puisqu'il n'est défendu que par le Roi noir. On remarque aussi qu'après ce troisième coup, les Blancs sont prêts à roquer. La sortie du Fou noir est la réponse symétrique la plus classique.

4 - d2 — d3, d7 — d6.

En jouant ces deux Pions, on dégage le Fou de la Dame, et on défend, de chaque côté, le Pion du centre (ce qui permet de débloquer le Cavalier, et de le lancer à l'attaque du camp adverse). Une variante classique, pour les Blancs, est 4.c2 — c3, puis 5.d2 — d4, ce dernier coup attaquant le Fou noir et le Pion noir, qui est obligé de prendre 5. ..., e5 X d4. Les Blancs reprennent alors le Pion noir en d4 avec leur Pion c3, installant ainsi deux Pions blancs au centre, ce qui constitue un avantage d'autant plus net que le Fou noir est obligé de fuir. Il est cependant possible, pour les Noirs, de se prémunir contre cette menace en répondant à 4.c2 — c3 par ... Fc5 — b6 (!), auquel succéderait 5.d2 — d4, Dd8 e7 (!) : dans ce cas, les Noirs ne prennent pas avec leur Pion, mais le défendent et les Blancs ne peuvent plus installer deux pions au centre.

5 - Cb1 — c3, Cg8 —f6.

Sortie classique des deux Cavaliers : on a donc, après ce cinquième coup, quatre Cavaliers en position symétrique sur l'échiquier.

6 - Fc1 — e3, Fc5 — b6.

7 - Dd1 — d2, Fc8 — e6.

8 - Fc4 — b3, Dd8 — d7.

9 - 0-0, 0-0. Le roque est un coup de développement très important, qui met le Roi en sécurité et qui prépare l'introduction des Tours dans le jeu.

10 - Ta1 — d1, Ta8 — d8.

11 - Tf1 — e1, Tf8 — e8.

Après le onzième coup, le développement est terminé, toutes les pièces sont en jeu, y compris les Tours qui vont pouvoir attaquer les colonnes centrales. Le jeu est égal des deux côtés.

Défense des deux Cavaliers :

1 - e2 — e4, e7 —e5.

2 - Cg1 —f3, Cb8 — c6.

3 - Ff1 — c4, Cg8 —f6.

Après ce troisième coup, on constate que, à la différence de ce qui se passe dans la partie italienne classique, les Noirs ont sorti leurs deux Cavaliers avant leurs Fous. Les Blancs ont alors deux manières de jouer :

Première manière :

4 - Cf3 — g5, d7 — d5 ( !).

Le quatrième coup des Blancs attaque f7, point faible des Noirs. La réponse d7 — d5 est une bonne réponse, car elle masque la direction du Fou blanc.

5 - e4 X d5, Cc6 — a5 (!).

6 - Fc4 — b5 + (le Fou blanc, attaqué par le Cavalier noir, se sauve en faisant échec, ce qui fait gagner un temps aux Blancs). A ce coup, les Noirs répondent par 6. ... c7 — c6. On a ensuite :

7 - d5 X c6, b7 X c6.

8 - Fb5 — e2 (!), h7 — h6.

9 - cg5 — f3, e5 — e4.

10 - Cf3 — e5, Dd8 — c7.

11 - d2 — d4, Ff8 — d6.

12 - Fc1 — d2 (!), Ca5 — b7 (!).

13 - Fd2 — c3, Cf6 — d5.

Après ce treizième coup, le jeu est égal des deux côtés.

Deuxième manière de jouer :

4 - d2 — d4, e5 X d4 (!).

5 - 0 —0, cf6 X e4 (!).

6 - Tf1 — el, d7 — d5.

Pour la suite du développement, voir la Bibliographie. La défense des Noirs est assez forte, et les Blancs doivent jouer avec beaucoup de sérieux pour éviter d'être mis en état d'infériorité.

Le gambit Evans

Il consiste, pour les Blancs, à sacrifier un pion, avancé en b4, ce qui leur permet, par la suite, d'établir une majorité de pions au centre. Voici la suite des coups.

1 - e2 — e4, e7 — e5.

2 - Cg1 —f3, Cb8 — c6.

3 - Ff1 — c4, Ff8 c5.

4 - b2 — b4, Fc5 — b6 (!).

Le quatrième coup des Blancs constitue le gambit Evans. Si les Noirs prennent le Pion blanc en b4 avec leur Fou (qui se trouve en c5), ils affaiblissent leur contrôle du centre (le Fou noir ne contrôle plus les cases centrales), et les Blancs vont pouvoir installer une majorité de Pions au centre. Ils ont peut-être perdu un Pion, mais ils ont un avantage de position qui, à ce stade de la partie, est très important. La réponse que nous avons indiquée dans le texte, qui est celle de Lasker, consiste à refuser le gambit. Les Noirs maintiennent ainsi leur pression au centre. On a ensuite :

5 - b4 — b5, Cc6 — a5.

6 - Cf3 X e5, Cg8 — h6 (!).

Après le sixième coup, les Blancs ont un léger avantage matériel (ils ont pris un Pion), mais la position des Noirs est plus avantageuse.

Partie des quatre Cavaliers

C'est une ouverture très classique, plaçant les quatre Cavaliers à leur meilleure case en trois coups. Voici, sans commentaires, la succession des coups.

1 - e2 — e4, é7 — e5.

2 - Cg1 —f3, Cb8 — c6.

3 - Cb1 — c3, Cg8 — f6.

4 - Ff1 — b5, Ff8 — b4.

5 - 0 — 0, 0 — 0.

6 - d2 — d3, d7 — d6.

7 - Fc1 — g5, Fb4 X Cc3 (!).

8 - b2 X Fc3, Dd8 — e7.

9 - Tf1 — el, Cc6 —d8.

10 - d3 — d4 (les Blancs ouvrent des lignes pour leurs Fous, et les Noirs vont s'y opposer).

La défense sicilienne

En répondant à 1. e2 — e4 X 1. e7 — e5, les Noirs donnent la possibilité aux Blancs d'utiliser l'une des nombreuses ouvertures qui fait suite à ce premier coup, et dont quelques-unes ont été décrites précédemment (partie italienne, gambit Evans, etc.). Or le nombre de parties possibles, après ce premier coup est assez considérable, et certains joueurs préfèrent utiliser, comme réponse au premier coup des Blancs, l'avancée du Pion noir c7 en c5. Cette manière de jouer constitue la défense sicilienne. Voici comment elle se déroule :

1 - e2 — e4, c7 — c5.

2 - Cg1 —f3, Cb8 — c6 (!).

3 - d2 — d4, c5 X d4.

4 - Cf3 X d4, Cg8 —f6 (!).

Le quatrième coup des Blancs ouvre la colonne d et affaiblit la case d4 à leur profit. De leur côté les Noirs attaquent le pion e4. 5 – Cb1 — c3, d7 — d6. Cette manière de jouer permet aux Noirs d'envisager une pression sur la colonne c. Pour la suite du développement de la défense sicilienne, voir les ouvrages cités en Bibliographie.

Le gambit de la Dame

Le gambit de la Dame, qui consiste, pour les Blancs, à offrir le Pion blanc c4 aux Noirs, est une des ouvertures les plus jouées dans les rencontres classiques. Elle pose aux Noirs des problèmes difficiles et l'étude du gambit de la Dame est un des exercices les plus féconds que l'on puisse recommander à des débutants. En effet, les variantes sont nombreuses et leur étude approfondie permet de comprendre en quoi consiste la stratégie des ouvertures. Les coups consécutifs du gambit de la Dame sont :

1 - d2 — d4, d7 — d5.

2 - c2 — c4, ...

Comme on le voit, les Blancs jouent le Pion de la Dame et non pas le Pion du Roi, ce qui a pour effet de libérer le Fou c1. Ils renoncent donc, du moins à ce stade, à attaquer le point faible f7 des Noirs. D'autre part, en avançant le Pion c2 en c4, ils font un sacrifice. Si les Noirs prennent le Pion c4 en jouant 2 ..., d5 X c4 ( ?) ils commettent une faute grave, car cette prise sera assez rapidement compensée par les Blancs qui, en outre, vont rapidement conquérir les cases centrales. Ainsi on peut envisager, après la prise du Pion c4, la série suivante Cg1 —f3 (!) : ce coup empêche les Noirs d'avancer leur Pion du Roi en e5, et maintient par conséquent l'avantage des Blancs au centre. Le troisième coup des Noirs est alors :

3 - c7 — c6 (ils vont essayer de garder l'avantage matériel de la prise).

4 - e2 — e3 (!), b7 — b5.

5 - a2 — a4, Dd8 — b6.

6 - a4 X b5, c6 X b5.

7 - Cf3 — e5 ( !), Cg8 — f6.

8 - b2 — b3 (!). c4 X b3.

9 - Dd1 X b3, e7 — e6.

10 - Ff1 X b5 + (l'équilibre -matériel est rétabli, et les Blancs ont un très net avantage de position). En conséquence, après le deuxième coup des Blancs, les Noirs doivent renoncer à prendre le Pion qui leur est offert, et défendre leur Pion central avec un autre Pion, en jouant 2. ..., e7 = e6. La suite la plus heureuse serait :

3 - Cb1 — c3, Cg8 —f6.

4 - Fc1 — g5, Cb8 — d7.

5 - e2 — e3, Ff8 e7.

6 - Cg1 —f3, 0 —0.

7 - Ta1 —c1, a7 —a6.

Pour la suite du développement du gambit de la Dame, voir les commentaires donnés par les différents auteurs cités dans la Bibliographie.

Autres types d'ouvertures

Vous pouvez trouver des descriptions et des commentaires dans les ouvrages cités en Bibliographie. Elles concernent le gambit Evans, la partie hongroise, l'attaque Max Lange, la partie écossaise, la partie viennoise, la défense Philidor (jeux ouverts), les jeux semi-ouverts (systèmes Paulsen, Taïmanov, Scheveninge, Boles-lavsky, Najdorf, Pisher, Pirc), les jeux fermés (et notamment le gambit de la Dame) et semi-fermés (défenses Nimzovitch, Grünfeld, ouest-indienne, fianchetto) etc.