Milieux de partie aux Echecs

Après l'ouverture, lorsque le centre est occupé ou contrôlé, lorsque les Rois ont roqué, commence la phase de jeu appelée « milieu de partie ». Ici, les considérations stratégiques (occupation méthodique du terrain par la pratique d'un jeu de position) passent parfois au second plan devant les considérations tactiques (jeu de combinaisons), permettant de prendre une pièce adverse, d'attaquer une pièce, d'en paralyser une autre, etc.). Il est certain que le jeu de position ne doit jamais être perdu de vue : les combinaisons aux échecs doivent permettre de réaliser la meilleure position possible. Nous nous contenterons d'expliquer ici quelques combinaisons tactiques de base et nous renvoyons le lecteur à la Bibliographie pour les études de détail. Les combinaisons sont présentées par ordre alphabétique et non par ordre d'importance.

Le clouage

Clouer une pièce, c'est la paralyser, totalement ou partiellement. Le clouage est absolu lorsque la pièce ne peut se mouvoir sous peine de mettre le Roi en échec. Il est relatif lorsque le mouvement de la pièce entraîne seulement une perte matérielle. Si, par exemple, le Roi noir se trouve sur la même diagonale qu'un Cavalier noir, et si les Blancs peuvent placer sur cette diagonale, du côté du Cavalier, un Fou ou une Dame, le Cavalier est cloué, car, si les Noirs le bougent, ils mettent le Roi en échec. La pièce clouée peut souvent être défendue par une autre pièce, de sorte que sa prise éventuelle soit compensée par une contre-prise. Mais le clouage immobilise deux pièces et affaiblit, en conséquence, la défense. Le clouage est une des principales manœuvres tactiques du milieu de partie.

Échec

Il ne sert à rien de donner l'échec trop tôt. On risque alors de découvrir certaines pièces, ou bien même de permettre au Roi adverse de se mettre rapidement (et durablement) à l'abri. En cours de partie, l'échec tactique présente parfois l'avantage de faire gagner un temps : le joueur dont le Roi est en échec est obligé de protéger ou de déplacer son Roi, c'est-à-dire d'interrompre le déroulement de son plan. La contre-attaque consiste à échapper à un échec en mettant à son tour l’adversaire en échec, ce qui remet les deux joueurs à égalité.

Fou et Cavalier

En début de partie, les Cavaliers sont des pièces importantes, que l'on développe rapidement et qui menacent souvent la première ligne adverse (ligne des pièces). Les Fous, par contre, jouent le rôle plus discret de contrôleur : ils menacent à long terme les diagonales sur lesquelles ils sont placés. Dans les milieux de partie, au contraire, le Fou est plus mobile, et devient une pièce hautement agressive, plus forte que le Cavalier (surtout si les pions centraux sont sur une couleur différente de celle du Fou : on dit alors que l'on a un « bon Fou », l'autre étant le « mauvais Fou »).

Ouverture des colonnes

Une colonne est ouverte lorsqu'il n'y a aucune pièce adverse qui fasse obstacle au mouvement d'une Tour sur cette colonne. Il est recommandé de jouer les Tours de la façon classique suivante :

1 - Occupation d'une colonne (ouverte ou semi-ouverte par une Tour) après le roque.

2 - Doublement vertical des deux Tours.

3 - Irruption d'une Tour, puis des deux Tours, sur la première rangée adverse (c'est-à-dire de l'autre côté de l'échiquier par rapport à celui qui joue les Tours). Bien entendu, l'adversaire tentera de s'opposer à cette tactique par des moyens appropriés.

Pions

En principe, l'ouverture ne mobilise pas plus de deux ou trois Pions, les autres restent sagement sur leur rangée. Après le roque, les Pions qui se trouvent du côté du Roi le protègent. Il est souvent prudent de ménager une case de refuge, pour le Roi, en cas d'attaque adverse, en jouant h2-h3 ou g2-g3 (pour les Blancs), et h7-h6 ou g7-g6 (pour les Noirs). Mais les coups peuvent aussi affaiblir la position du roque.

Le Pion doublé (deux Pions voisins sur une même colonne) est considéré comme une faiblesse positionnelle. Le Pion libre, qui n'a pas d'obstacle devant lui, est très dangereux pour l'adversaire, car il menace d'aller à Dame et il convient de le réduire à l'impuissance le plus rapidement possible.

Une structure de Pions (= disposition des Pions) classique consiste à conserver, sur l'aile gauche par exemple, deux Pions sur leur rangée de départ, et à mobiliser les Pions de l'autre aile de sorte qu'ils occupent trois ou quatre cases en diagonale (soit d5, e4, f3, g2 pour les Blancs, ou e5, d6, c7 pour les Noirs). Une autre stratégie (Benoni) tente de placer trois Pions en triangle au centre (Blancs en c4, d5 et e4), les autres restant sur leur ligne de départ.

Questions que l'on doit se poser avant de jouer un coup

Questions que l'on doit se poser pour éviter la « gaffe » : le maître Tartakover (Bréviaire des échecs) les formule ainsi :

1 - Ai-je une pièce en prise ?

2 - Ai-je un échec à redouter ?

3 - Ai-je des pièces non protégées et qui risquent d'être menacées ?

4 - Ai-je à craindre une fourchette de la part de l'adversaire (deux pièces en prises simultanément) ?

5 - Un Pion adverse devient-il menaçant ?

6 - Que peut la Dame adverse, une fois mon coup joué ?

7 - Qui a l'initiative de l'attaque ? Si c'est moi, comment la poursuivre, si c'est mon adversaire, comment me défendre ?